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21 août 2018

La France attire-t-elle encore les talents créatifs ?

Il est assez difficile d’apporter une réponse globale à la question de l’attractivité culturelle de la France et de sa capacité à faire venir les talents internationaux, ne serait-ce qu’en raison de la diversité des activités et des secteurs concernés. Sans prétendre trancher entre les différentes thèses en présence, on peut néanmoins présenter les atouts et les faiblesses de notre pays concernant l’accueil des talents. Du côté des atouts, l’offre culturelle de la France est très développée et les pouvoirs publics s’impliquent largement aux cotés des acteurs culturels pour développer les manifestations et les événements. Ainsi, le secteur du spectacle vivant est dynamique : entre 1998 et 2002, le nombre de compagnies de danse a doublé et celui de compagnies de cirque et de théâtre de rue a triplé entre 1990 et 2003. Ce dynamisme de la création en France, assorti d’une politique culturelle volontariste et d’un patrimoine particulièrement riche, offre indubitablement des opportunités pour les artistes étrangers dans le spectacle vivant en France. En particulier, il existe une offre abondante s’agissant de l’accueil d’artistes ou d’étudiants ou de professionnels dans les institutions culturelles françaises, selon des formules extrêmement diverses et concernant différents champs de la création culturelle : les stages pour les traducteurs étrangers à la bibliothèque nationale de France, les résidences d’artistes comme la Villa Médicis, les étudiants étrangers de l’école du Louvre, les écoles d’art et d’enseignement artistique d’une façon générale, l’académie européenne de musique d’Aix-en-Provence, les tournées de troupes étrangères dans les théâtres nationaux… Autre atout, la France organise chaque année des événements mondiaux dans le domaine de la création qui génèrent de l’activité, le déplacement des principaux décideurs du secteur ainsi que des opportunités d’affaires ou de développement futur. Parmi ces événements, le festival de Cannes, qui rassemble chaque année entre 100 000 et 120 000 participants, occupe une place de choix dans la mesure où il a ensuite attiré, dans son sillage, d’autres salons professionnels très prestigieux, toujours dans le secteur des médias (MIPCOM, MIPTV, MIDEM, Lions d’or de la publicité). Dans le même ordre d’idée, Paris conserve, dans le monde de la mode, une capacité d’attraction extrê- mement forte comme le prouvent les rassemblements de professionnels lors de la Fashion Week. Plus généralement, la ville de Paris continue d’exercer une certaine fascination pour les artistes et les créateurs du monde entier, même si elle n’est plus la seule métropole internationale dans ce cas. Pour autant, face à ces atouts bien réels, la France présente également de sérieuses faiblesses, dans un contexte de compétition entre les États et les territoires pour attirer les créateurs… D’abord, les règles applicables aux artistes étrangers en matière de droit du travail et de protection sociale ne sont pas de nature à inciter des artistes à venir travailler en France. Les procédures sont ainsi lourdes et complexes : absence de guichet unique pour les demandes d’autorisations provisoires de travail et les procé- dures de versement des cotisations sociales, manque d’informations… De plus, le système fiscal n’est pas très attractif pour les créateurs étrangers. Par exemple, le poids des cotisations sociales est plus élevé en France que dans beaucoup d’autres pays, ce qui crée un risque de délocalisation de certaines activités notamment en Europe de l’Est. La tendance à la délocalisation des tournages tant de films que d’œuvres audiovisuelles ou de spots publicitaires en témoigne. D’après le CNC, la part des dépenses réalisées à l’étranger est passée de 11,7 % des coûts totaux de production des fictions cinématographiques en 2003 à 15,4 % en 2005. Cette part est d’ailleurs de 17,6 % en 2005 pour les films à gros budget (plus de 7 M€). Cette évolution préoccupante a d’ailleurs donné lieu à la mise en place d’un crédit d’impôt spécifique pour le cinéma à partir de 2004. À ce premier handicap vient s’ajouter l’existence d’un régime spécifique et complexe applicable aux artistes étrangers se produisant en France. Il existe en effet un mécanisme de prélèvement à la source sur les cachets touchés en France mais ce prélèvement n’est pas libératoire et les artistes sont ensuite tenus de faire une déclaration l’année suivante. Beaucoup d’artistes se plaignent également de la lourdeur globale du prélèvement. En effet, le taux global de prélèvement atteint 44 % des cachets, en incluant les prélèvements, hors cotisation maladie, au titre des régimes de protection sociale. L’existence d’un prélèvement de 15 % au titre des congés spectacle fait plus particulièrement l’objet de critiques, dans la mesure où les artistes étrangers ne prennent pas nécessairement leurs congés en France.

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